UNE PELOTE A EPINGLES
J’aime bien coudre. Imaginer, tailler, assembler, arranger, agrémenter. Pique, pique. A la main, pique, pique. Point avant (dit aussi « de piqûre »), point de bâti, point arrière, point de surjet. Boutonnières. Confectionner des vêtements pour moi, lorsque j’avais 20 ans ; pour ma fille petite (ma fierté lorsqu’elle revenait de l’école : « la maîtresse m’a demandé d’où venait une jupe aussi mignonne ») ; pour une poupée ou un ours. Inventer une trousse. De quoi faire reposer un bras dans le plâtre. Des rideaux ; en tulle aérien, une nappe pour Noël. Une housse pour le panier du chien. Accumuler des bouts de tissus, boutons, fermetures éclairs, bobines de fils, pressions… Et pique, l’aiguille, pique, les épingles. Les petits Chinois entourent un coussin rebondi. Pique, pique. Cadeau très bienvenu de M, fatigué aujourd’hui, d’avoir participé à tant d’ouvrages. La bourre s’échappe, les queues de cheval ont adopté des positions curieuses, les couleurs ont passé. Je n’envisage pas pourtant de changer de pelote à épingles.