UN LION BLEU
Quand je suis arrivée à Bordeaux, je l'ai détesté. C'était quoi ce pauvre lion en plastoc, et quelle invraisemblable couleur, et comment avait-on pu poser un truc pareil près du sublime pont de pierre... Et caetera. Puis j'ai trouvé un logement à La Bastide, et mes passages devant le fameux lion sont devenus réguliers. P a entrepris de le photographier systématiquement et en a fait un blog qui des mois durant a montré l'animal dans tous ses états. A force de rire, de m'extasier ou de m'émouvoir devant les photos, j'ai modifié mon regard. Mine de rien, j'ai commencé à le trouver sympathique. Après des virées professionnelles je me suis surprise à guetter sa silhouette anguleuse pour preuve d'un retour au païs. Je lui ai adressé des clins d'oeil, qu'il m'a obligeamment retournés. J'ai marché autour de ses grosses pattes solides. Remarqué que la nuit lui allait bien. Ai reconnu qu'il lui fallait bien de l'audace pour imposer sa présence en bord de Garonne.
Un beau jour, nous étions devenus potes.