LUNDI n° 10 : MES RENONCEMENTS
J’ai renoncé à devenir écrivain quand Richard Morgiève, qui avait aimé certains de mes précédents écrits, et à qui j’avais confié un texte auquel je croyais m’a déclaré : « Mais Nina, c’est de la merde ce que tu as fait là ».
J’ai renoncé à retrouver une mobilité normale, à renouer avec la randonnée, ou des activités telles que courir, nager, danser : c’est à présent la jambe droite qui me fait terriblement mal, et je ne sais que trop ce qui m’attend.
J’ai renoncé à formuler un projet de sobriété, même vague, lorsque j’ai découvert le Tariquet.
J’ai renoncé à l’amour le 07 mai dernier à 4h40 du matin, après un énième coup au plexus (c’est une image, je n’ai jamais été frappée par un homme, manquerait plus que ça).
J’ai renoncé à ressembler à Grace Kelly quand je serais grande, le jour où je me suis rendue compte que voilà, j’étais grande.
J’ai renoncé à prendre la politique au sérieux quand je n’ai eu d’autre choix que de voter Chirac.
J’ai renoncé aux grands voyages depuis que j’occupe des postes fixes à 5 semaines de congé/an, sans rtt. Je me suis mise au tourisme.
J’ai renoncé à vouloir faire « comme l’habitant » le soir où Bernardo m’a fait goûter, dans une très sympathique boutique sévillane, de « vraies crevettes » qui m’ont donné une immédiate envie de vomir.
J’ai renoncé à m’intégrer. Hum, oui, enfin, peut-être pas tout à fait. Mais, à quoi diable pourrais-je m’intégrer ?