LA ROUTE
Je suis assez souvent sur la route, je conduis beaucoup. Sauf si je suis très fatiguée, ou bien si les conditions sont particulièrement mauvaises, j’aime bien ça. Depuis Bordeaux, j’utilise principalement des autoroutes : l’A10 qui « monte » vers Paris et Nantes, l’A62 pour me rendre à Agen, l’A89 qui traverse la France en direction de Lyon. Il n’est pas rare, sur cette dernière, d’être pratiquement seul au milieu de paysages magnifiques. Je connais si bien la première que je pourrais énumérer les noms des aires d’autoroute dans l’ordre et dire à quel moment précis apparaissent les champs d’éoliennes. Je roule, il y a quelque chose de satisfaisant dans ce simple mouvement, je dépasse, je me rabats, je veille à la vitesse, c’est un jeu. J’écoute de la musique très fort, ou bien la radio, bloquée sur France Culture, ce qui me vaut d’incessantes découvertes. Je pense, je rêvasse, je pleure. Je pleure souvent en voiture. Je m’arrête, me gare près d’une station d’essence, toilettes, café, j’observe autour de moi. L’hiver, une très grande majorité d’hommes qui circulent pour leur travail. A partir du printemps, touristes étrangers et familles des quatre coins de l’hexagone. J’adore ces ambiances. Je repars. Je suis seule. C’est tout nu, une voiture, la route. J’avance.