UN VOLUBILIS
Cela se passait une journée d’août il y a… 3 ans. J’étais épuisée d’avoir pleuré toute la nuit auprès d’un O déchaîné. Le départ –avancé- de l’hôtel s’était fait de bonne heure, nous ne nous adressions pas la parole. Au bout de quelques kilomètres O avait obliqué sur une petite route, s’était garé près d’un café, où j’avais continué de pleurer dans la tasse. Il avait proposé une balade en bord de mer, pourquoi pas. Il m’avait pris la main, et j’étais si lasse, si triste, j’avais la tête si pleine de sa violence, que je l’avais laissé faire. Il avait tenté de raccommoder une fois de plus l’amour que quelques mois seulement avait déjà usé jusqu’à la trame. Je voulais juste vivre et voir le soleil. Revenir vivante, oui. Plus tard il s’était arrêté un peu avant Gênes et nous avions eu sous les yeux un panorama d’une stupéfiante beauté. Tout le long de la falaise les volubilis s’en donnaient à cœur joie. Il avait suggéré d’en ramener, de tenter de le faire pousser. Avait cueilli deux ou trois petites tiges, improvisé un vase, déposé le vase dans la voiture surchauffée. Nous étions je crois conscients l’un et l’autre que si la défaite n’était pas signée aujourd’hui, elle le serait demain. Mon corps vidé.
Aujourd’hui, le volubilis habille un pan de mur dans mon salon. L’histoire est terminée depuis longtemps. Me reste la baie de Gênes, le soleil éclatant, ce désir que j’avais eu, de vivre.