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Inventaire
1 juillet 2010

UNE IDENTITE

Niel_imaginez_maintenant_031

Un nom. Qui me vient de mon père. Peut-être. Qu’il tenait de son propre père. Pas sûr.

Un prénom choisi par une de mes sœurs aînées. Elle rencontre une gamine dans la rue : comment tu t’appelles ? On peut l’appeler comme ça le bébé si c’est une fille ? Un deuxième prénom qui n’a pas d’histoire.

Sexe féminin, taille 1,76m. Une grande femme.

Oui une femme, bien sûr, pas de doute là-dessus et pourtant, si souvent je ne me suis pas sentie une « vraie » femme, pour des raisons qui me rendent honteuse si je les énumère, car ridules, liées à des poncifs. Par exemple : j’ai de petits seins, je me passe fort bien d’un sac à mains, je ne porte pas de talons, je ne sais pas minauder.

Nationalité française. OK. Après, ça se complique. J’habite Bordeaux depuis bientôt 4 ans, je dis sans hésiter que je suis Bordelaise. Certaines personnes en rient. Mais tu viens d’où ? demandent-elles, campées sur ce qu’elles appellent leurs racines. Pourquoi me reconnaîtrais-je dans une ville que je n’ai jamais aimée, sous prétexte que j’y suis née ? Dans une région que je ne connais si peu, qui ne fait rien trembler en moi. Après bien des pérégrinations, Bordeaux est mon choix.

D’une famille dont, même si j’en aime beaucoup certains membres, je me suis éloignée pour sauver ma peau.

Un métier qui n’existe pas, sur mes feuilles de paye un intitulé qui ne veut rien dire. J’ai toujours travaillé dans des milieux qui me désignaient comme n’étant pas des leurs. Contrainte de prouver à chaque fois que ce n’était pas un défaut, plus probablement un gros atout. Impossible pour moi de me reconnaître dans une famille professionnelle.

Mère. La seule identité dans laquelle je sois tout à fait à l’aise, que j’ai adoptée de suite, sur laquelle je ne me pose pas la moindre question. Qui me va comme un gant.

Pas mariée, pas divorcée. On dit « séparée », mais pour les administrations je suis toujours « mademoiselle ». Autour de moi la ronde des « mon mari ». Une vie amoureuse, discrète, que beaucoup ignorent. Quoi qu’il en soit, je vis seule, je paye des impôts de célibataire, je me rends seule aux rendez-vous importants.

Pas encore une vieille mais clairement plus une jeunesse, dira-t-on encore femme mûre, je n’en suis pas certaine. Les signes de plus en plus visibles du passage à autre chose – je traduis : à la fin.

Une identité incertaine. Toujours entre deux rives inatteignables. Sans référence à un « nous » protecteur. Qui me laisse nue, en quelque sorte.

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Commentaires
Z
wourf!
A
J'aime beaucoup cet arrêt sur image de toi te regardant dans le miroir. (Je ne parle pas de la photo, bien sûr). Ca me touche, p't-être bien que ça me parle...
Inventaire
  • Les objets qui m'entourent, les lieux où je me rends, les pensées qui m'habitent : je fais l'inventaire. Le lundi, je me penche sur mes goûts et ce que j'ai en tête. Chaque vendredi, je propose un nouveau thème pour un inventaire partagé.
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