DES MUSIQUES
Mes grandes sœurs copiaient dans des cahiers les paroles des grands succès yé-yé, textes qu’elles décoraient des photos de leurs idoles. Pendant ce temps je rêvassais en écoutant Françoise Hardy ; je préparais « Bang bang » en duo avec une copine pour la fête de fin d’année. En grandissant j’ai aimé des tas de groupes, de chanteurs, mais sans jamais me décider pour un style, piochant de ci de là, sans fil conducteur, sans références. Un amoureux m’a ouvert les portes de la musique classique et de l’opéra. Il jouait de la guitare classique avec un drôle d’air pincé qui lui enlevait un peu de sa beauté. J’ai suivi la musique de mon époque, sensible à Patty Smith, les Rita Mitsouko, Dominique A… ; enthousiasmée par le Broken English de Marianne Faithfull, tout en m’exaltant à l’écoute du Freischütz.
Certains de mes amis disposaient d’une imposante discographie, étaient au fait des dernières nouveautés, ou connaissaient tout de tel groupe. Chez eux, il y avait toujours de la musique, ce qui me semblait étrange, tant j’aime, aussi, le silence, les chants des oiseaux, la rumeur de la ville, le bruit de la pluie battant les vitres. La musique, parfois, me semble faire écran à la vie immédiate. Si je pensais ainsi, sans doute était-ce que la musique n’était pas importante pour moi ?
Et puis, peu à peu, par la magie de rencontres, grâce à la radio et à de bons disquaires, en me baladant sur Internet, parce que je me rendais à des concerts un peu au hasard, avide de découvrir, j’ai fini par trouver la musique, ou plutôt les musiques, qui résonnent vraiment en moi, et aussi par me rendre compte à quel point elles m’étaient précieuses. J’explore avec bonheur la créativité foisonnante du jazz d’aujourd’hui, et la fantastique richesse de ses collaborations avec des musiciens de différentes parties du monde. Je ne m’y cantonne pas –une certaine chanson française m’intéresse toujours, il me faut de temps à autre du rock ou du hard rock, je reste ouverte au classique. Mais là est clairement mon univers, et je suis drôlement contente de l’avoir finalement identifié.
Ici, Avishaï Cohen lors du magnifique concert du 26 juin 10 à Bordeaux.
Merci à Emmanuelle C pour la photo !