LES ANIMAUX ET MOI
Convenablement élevé, le chien est un être aimable, très souriant, égal d’humeur (qu’il a excellente), plein d’imagination et débordant d’affection. Je suis particulièrement sensible à l’enthousiasme du chiot persuadé que la vie est formidable.
Le chat. … mum… le chat. Le chat ? ah oui, le chat
L’âne me ravit avec ses oreilles en velours, son regard tendre et son tempérament un poil obstiné.
Le cheval est un mystère. Je ne me suis jamais sentie complètement tranquille sur son dos, à lui faire sauter des haies, pour ne rien dire du moment où je curais ses sabots. Pourquoi m’obéissait-il, lui si grand, si lourd, si puissant ?
La chèvre m’amuse. Des yeux impossibles, un caractère obtus, un poil rêche… mais un espace si doux à caresser, là, en haut du museau. Une version masculine m’a un jour marché sur le pied (que j’avais nu, inconscience de citadin) ce qui m’a valu des mois de gros orteil arc en ciel à l’ongle remarquable.
Les oiseaux me fascinent. Chants, vols, habitudes, une telle variété laisse pantois.
Moins que celle des êtres qui vivent dans les rivières, les lacs, les océans. Je peux rester des heures devant les grands aquariums à m’épater de la propulsion si rapide des encornets, rigoler de l’air parfaitement hébété de la raie, ou m’émouvoir de l’élégance surannée des hippocampes.
J’ai connu deux petites rates infiniment intelligentes et drôles, qui ont fait fondre comme neige au soleil mes préjugés sur l’espèce.
Sur les rives de la Garonne, les ragondins montent de véritables spectacles, passionnants et pleins d’humour. J’applaudis des deux mains.
Les vaches m’apaisent. Il m’arrive, dans mes déplacements, de m’arrêter au bord d’une route pour les observer. Les plus belles à mes yeux : les brunes du Limousin -et surtout les Salers-, et les classiques tachetées de la Mayenne.
Au Québec, on appelle les moustiques des maringouins : ils sont énormes, portent les vêtements rayés des bagnards, et hurlent en zébrant les paysages. Ils transforment un simple barbecue en une folle aventure qui vite fait vous redonne une âme de pionnier.
Tant d’animaux, une seule espèce humaine, ridicule.