UN POT EN GRES
A Auvillar, sur la magnifique place ronde à cornières, le stand portait son nom . Incompréhensible : l’année précédente le potier ne faisait que du grès au sel; je lui avais pris un pot dans lequel j’entreposais, précisément, du gros sel… et voilà que les objets utilitaires exposés, cette fois, éclataient de motifs naïfs jaunevertrouge. Très beaux, d’ailleurs, sans vernis, bruts. Mais différents. Un quelque chose de familier, mais différents. J’ai interrogé celle qui était, je m’en souvenais, la femme du potier. Triste histoire d’une mort soudaine -il avait 40 ans- de ses tentatives à elle, par fidélité peut-être, de reprendre ses gestes à lui. La terre, l’air, l’eau et le feu. A sa façon.
J’ai dit mon admiration pour le travail de cet époux; le pot mille fois sollicité, dont la beauté imprègne si doucement ma vie domestique. Sa respiration tranquille au coin de ma cuisine. Mon plaisir renouvelé. Elle a murmuré « cela me fait du bien ».