UN TRAM
Il file. Traverse hardiment le Pont de pierre - les façades en technicolor, marée haute, marée basse. Grimpe à l’assaut de Cenon tout au bout de l’avenue qu’on creusa pour prolonger le pont. File entre la place de la Bourse et le miroir d’eau ; pour peu que le soleil soit de la partie, sensation ineffable de côtoyer le ciel. Tourne gracieusement autour de la colonne des Girondins, un salut aux drôles de chevaux qui piaffent à ses pieds, leurs sabots palmés dans des écumes d’eau. Frôle le jardin public, nargue les Chartrons. Il file vers Bacalan, pour un peu il passerait sous le fameux pont des bulletins de circulation. S’étonne de Mériadeck, et timide évite le cimetière de la Chartreuse. Déjà familier dans la ville de pierre : sa tête ronde, son long corps foncé, élégant et discret. Mille fois passer ses portes et dans son mouvement tendre, me laisser bercer par la ville.